1. Armes d’Antoine de La Tour, détail de du dessin de Burel
2. Le château vu de l’actuelle place du village : photographie du 1er tiers du XXe siècle

L’étranger reste frappé de surprise devant cet effort de murailles, témoignage de plus de puissance que de goût...
Truchard du Molin

Introduction

D’où qu’on l’aborde, la masse de basalte du château de Saint-Vidal semble tapie au fond de la vallée de la Borne

(3) 3. La vallée de la Borne à Saint-Vidal : vue aérienne

. C’est peut-être le seul point sur lequel s’accordent les auteurs à son propos : s’il surprend, c’est par sa position, paradoxale pour un château fort. Il surplombe certes la rivière, mais il est dominé de toutes parts par le plateau du Velay. Le paradoxe n’est néanmoins qu’apparent. Il tient aux progrès de l’art militaire : le fief est mentionné à partir du XIIIe siècle, ce qui doit correspondre à la date du choix du site. Avant l’utilisation du canon, avant même les perfectionnements du XVIIe siècle, le château n’avait rien à craindre des hauteurs voisines. Il n’a d’ailleurs jamais été pris par la force, même après un bombardement d’une semaine à la fin des guerres de Religion ! Sa valeur militaire n’était donc pas illusoire pendant le Moyen Âge.
Le percement de plusieurs voies a modifié le paysage et détruit une partie des protections externes du château : au sud, le remblai de la voie de chemin de fer l’a enterré ; à l’opposé, la route de Lacussol a été gagnée sur la douve. Le chemin ancien qui rejoignait Lacussol partait vers l’ouest ; il existe toujours, soigneusement empierré. Il se lit clairement sur le cadastre ancien, bordé de constructions qui formaient faubourg. La route actuelle

(4) 4. Le village d’après le plan cadastral XIXe siècle (vers 1812)

paraît n’avoir été aménagée qu’assez tardivement, peut-être en élargissant un simple sentier plus direct mais plus pentu que l’ancien chemin

(5) 5. Le château et le village : vues aériennes

(6) 6. Le château et le village : vues aériennes

. Le faubourg, étagé sur un versant sud, s’est développé en devenant le cœur du village actuel, dominé par la mairie. En aval, vers Le Puy, des gorges ferment la vallée en cul-de- sac. Avant le percement du tunnel du chemin de fer, la seule approche longeait d’une façon ou d’une autre la rivière. Le château protégeait ainsi le village groupé autour de l’église.
Les abords anciens du château peuvent donc être restitués comme suit :
  • au sud-est, le bourg groupé autour de l’église;
  • à l’est et au nord, une terrasse protégée par une large douve, partiellement comblée au nord pour faire passer la route moderne;
  • au sud et au sud-ouest, les dépendances du château dont il subsiste les écuries et deux tours.
Au débouché de l’ancien chemin

(2) 2. Le château vu de l’actuelle place du village : photographie avant 1900

, là où l’on attendrait une porte ou des dispositifs de défense, s’étend aujourd’hui une vaste esplanade. Elle remplace un espace informe qui existait au moins depuis le XVIIIe siècle. Il est probable que cette partie de l’enceinte extérieure a été complètement détruite lors du bombardement de la fin du XVIe siècle déjà mentionné.
Cet ensemble s’est constitué entre le XIIIe et le XVIe siècle. À chaque époque, ses seigneurs ont fortifié et mis au goût du jour cette maison qui était la leur. Nous allons retracer ces histoires parallèles des habitants et du château.