Préface

Que la maison de Sainct-Vidal seroict desmollye & abbattue pour en perdre toute mémoire, telle était la sentence ordonnée par Henri IV en 1591 à l'encontre de la forteresse d'Antoine II de La Tour, baron de Saint-Vidal et rebelle à l'autorité royale.
Destinée étrange que celle de ce château, à l'origine simple maison forte cachée dans la vallée de la Borne, agrandie au cours des siècles, transformée en forteresse, résistant à la condamnation du Roi et au siège qui s’ensuivit, puis devenant une résidence.
Acquis par mon oncle et patiemment restauré depuis, il s'ouvrit au public en 1974 après une longue période d'oubli ; félicitons le Centre d'étude de la Vallée de la Borne, aux destinées duquel président Caroline de Rancourt et Louis Colombani, d'avoir eu l'heureuse initiative de concevoir, d'éditer cet ouvrage et d'en avoir confié la réalisation à Patrick Ponsot et Yves Soulingeas.
La tâche n'était pas aisée : documents historiques épars et peu nombreux, succession d'aménagements complexes ; il fallut toutes leurs compétences et de longues investigations pour nous faire découvrir le château de Saint-Vidal à travers son histoire, son architecture et la personnalité de ses bâtisseurs.
Patrick Ponsot, architecte des Bâtiments de France, en a patiemment exploré et étudié les moindres détails architecturaux et nous fait une analyse critique de sa construction, depuis la maison forte primitive jusqu'à la forteresse des guerres de Religion et ses aménagements du XVIII^e siècle.
Yves Soulingeas, chartiste et directeur des archives départementales de la Haute-Loire, a pu, par ses recherches approfondies, remonter jusqu'au début du XII^e siècle pour retrouver les origines de la seigneurie des La Tour ; il nous décrit l'évolution de cette lignée, ses alliances, son extension et, au XVI^e siècle, son rôle éminent dans le Velay avec Antoine I^er et Antoine II, gouverneur du Velay et du Gévaudan, chef de la Ligue.
Nicolas Faucherre, spécialiste en castellologie et auteur d'un intéressant mémoire de maîtrise, a contribué par ses travaux à la connaissance du système fortifié de Saint-Vidal.
Remercions le Centre d'étude de la Vallée de la Borne, remercions tous les auteurs que j'ai eu le plaisir de citer ; ils nous apportent un autre regard et une nouvelle connaissance sur cette baronnie intimement liée à la vie de notre village, à l'histoire du Puy et de notre région, le Velay.
Bernard Sahy